Créé : 26-08-2014 16:33
Thierry Troupeau, amputé de la jambe gauche depuis 1991, a parcouru cet été le GR10 entre Hendaye et Banyuls. "C'était un rêve d'enfant, et le fait de le faire sur une jambe montre notamment à mes enfants que tout est possible", explique ce carreleur-plombier de 49 ans.
Parti du Pays Basque le 22 mai, il a fini son périple quatorze semaines plus tard sur les plages de Banyuls, le 23 août. Le tout avec un sac à dos de 17 kilos et son genou "bionique". Celui-ci fonctionne grâce à un système électronique qu'il rechargeait tous les deux jours en s'arrêtant dans un refuge ou un gîte. Quelques jours après son arrivée Thierry Troupeau avoue avoir vécu une "aventure extraordinaire" au bout des 895 kilomètres avec un passage à 2800 mètres d'altitude et 5000 mètres de dénivelé.
"On a dû changer ma prothèse"
"Je n'ai rencontré que des gens fabuleux. J'ai encore en tête de magnifiques paysages, notamment près du Pic du Midi d'Ossau", raconte le randonneur.
De quoi faire oublier les quelques moments galères vécus au cours des 90 jours qu'a duré la traversée des Pyrénées d'ouest en est. "Au bout du quatrième jour il a fallu qu'on me change ma prothèse, un matin le système électronique a pris l'eau au moment où je démontais ma tente", explique-t-il en souriant.
A la conquête de la Corse en 2015
Un peu plus tard ce sont les neiges qui vont rendre sa progression difficile. "Près de Gourette j'ai traversé un glacier de six kilomètres de long, c'était tellement dur, qu'à chaque pas je devais creuser la neige pour poser mes pieds, il m'a fallu cinq heures pour parcourir le dernier kilomètre", souffle l'aventurier.
Revenu depuis moins d'une semaine à son domicile girondin, Thierry Troupeau songe déjà sa prochaine escapade l'été prochain. Son objectif : réaliser le GR20 en Corse en trois semaines avec un ami d'enfance.
jeudi 26 juin 2014 Publié le 26/06/2014 par Olivier Darrioumerle
Depuis Hendaye, Thierry Troupeau a rencontré deux problèmes mécaniques majeurs avec son genou bionique, qui calcule en temps réel la résistance qu'il donne au poids qu'il doit subir. "Il y en aura d'autres, autrement c'est pas marrant", s'amuse ce casse cou de 49 ans. Dès le 45e km, quatre jours après son départ sous la pluie, sa prothèse Rheo le lâche. Les circuits sont noyés par l'humidité. Le genou ne retient plus rien, libre dans les descentes, Thierry Troupeau est obligé de lutter jusqu'à Bidarray.
Un nouveau genou
Transféré à Cambo, il doit attendre une journée que le prothésiste lui renvoie un nouveau genou. Le marcheur bionique reprend aussitôt le chemin du GR10. Rien à signaler jusqu'au kilomètre 170. Arrivé à Sainte-Engrace, impossible de repartir. Son moignon avait trop maigri à cause de l'effort et la transpiration. Il n'entrait plus dans la ventouse de la prothèse. Rapatrié en Gironde il y a 15 jours, l'orthopédiste lui glisse 5 mm de cales entre le moignon et le genou mécanique avant de retourner à Sainte-Engrace.
Le chemin tracé dans la neige
Hier soir, Thierry Troupeau est arrivé difficilement à Gavarnie, au kilomètre 324 de l'itinéraire, après un mois de marche avec un genou bionique. "Ces trois derniers jours ont été très durs. Je suis allé bien moins vite que j'imaginais", témoigne-t-il. Heureusement, une dizaine de personnes lui ont fait les traces dans la neige des glaciers pyrénéens sur 15 kilomètres jusqu'à Gavarnie. En bonne forme, il lui reste moins des deux tiers du GR10. Une partie de plaisir, à l'entendre, un bonheur.
dimanche 25 mai 2014
Olivier Darrioumerle
hendaye@sudouest.fr
Il est parti jeudi matin d'Hendaye pour l'aventure de sa vie. « C'est le moment critique », lâchait-il, le ventre noué par le départ. Près de 900 kilomètres de marche avec des dénivelés à 2 800 mètres. Le GR 10. Une épreuve difficile pour le commun des mortels. « Le mien est hors du commun. Il franchit toutes ses limites. Et c'est bien ce qui m'inquiète », souffle Claudine Rattier, la femme de Thierry Troupeau. Elle tremble chaque fois que son mari fait du ski, du parapente ou du saut à l'élastique.
« La veille de mon accident, j'étais sur les pistes. Allongé aux soins intensifs, alors qu'ils allaient m'amputer la jambe aux deux tiers, je n'avais qu'une idée en tête, remonter sur des skis au plus vite », raconte-t-il. Le plombier de 49 ans, originaire de Bourg-sur-Gironde, casse-cou à ses heures, pourrait bientôt être le premier homme à traverser les Pyrénées avec une seule jambe.
Des freins de Formule 1
L'homme se prépare depuis le mois de septembre, mais le risque de blessure au moignon est réel.
Le frottement ou l'échauffement de l'emboîture avec la peau pourrait l'empêcher de repartir.Des risques insuffisants pour l'effrayer. « Lorsque je vois les grands brûlés à la Tour de Gassies (centre de rééducation à Bruges, en Gironde, NDLR), je me dis que j'ai du bol », claque-t-il. L'excédent des dons qui serviront à financer sa traversée sera reversé à Handicap international, pour les enfants victimes de mines antipersonnel. « Moi, je ne suis pas handicapé. La seule fois que je me suis garé sur la place réservée, j'ai pris une amende de 135 euros », s'amuse-t-il.
« Ma prothèse, c'est la technologie des freins de Formule 1 et des robots des chaînes de montage »
En septembre dernier, pour se tester, Thierry Troupeau a grimpé en six heures les 1 000 mètres de dénivelés ardus du massif du Pibeste (Hautes-Pyrénées). « C'était avec mon ancienne jambe, celle qui fonctionnait à l'huile. À l'arrivée, j'aurais pu faire cuire un œuf dessus », plaisante-t-il. C'était avant qu'on lui pose un nouveau genou qui fonctionne avec un fluide magnétique.
La prothèse Rheo, à la pointe de la technologie, est animée par un fluide dit « intelligent ».
Il calcule en temps réel la résistance à donner au poids que le genou subit.
« C'est la technologie des freins de Formule 1 et des robots de chaînes de montage », compare-t-il, non sans une pointe de fierté.
Une marche à 2,2 km/h
Son tout nouveau genou bionique devrait le porter jusqu'à la Méditerranée. Il espère terminer le GR 10 dans deux mois, à raison de sept heures de marche par jour à un rythme de 2,2 km/h. Pour fournir de l'électricité à sa jambe, qui a une autonomie de deux à trois jours, le professeur Jocelyn Sabatier, de l'IUT de Technologie de Bordeaux, a mis au point des panneaux solaires adaptés à son sac à dos.
« Trente ans que je voulais suivre ces deux traits blanc et rouge. Je suis fou des Pyrénées. Je vais réaliser mon rêve », conclut-il avant d'écraser sa dernière cigarette et de troquer son cuir et son chapeau de cow-boy contre un short et une casquette.
Thierry Troupeau mettra à jour l'évolution de son périple sur son blog : www.gr10-surunejambe.fr
vendredi 23 mai 2014 Publié le 22/05/2014 à 12h56 , modifié le 22/05/2014 à 15h29 par O.D
"Je suis fou des Pyrénées. Mon rêve serait de finir ma vie avec ma femme dans un chalet paumé dans la montagne", raconte Thierry Troupeau avant le grand départ.
Le plombier de 49 ans, originaire de Bourg-sur-Gironde, est parti ce matin pour l'aventure de sa vie. Près de 900 kilomètres de marche avec des dénivelés à 2800 mètres. LE GR10. Une épreuve périlleuse avec une seule jambe.
Risque de blessure
L'homme est préparé, mais le risque de blessure au moignon est réel. Il sera le premier homme a se lancer avec une jambe dans la traversée des Pyrénées. Son tout nouveau genou bionique devrait le porter jusqu'à la Méditerranée. La prothèse Rheo, à la pointe de la technologie, est animée par un fluide dit "intelligent". Il calcule en temps réel la résistance à donner au poids que le genou doit subir.
Le professeur Jocelyn Sabatier de l'IUT de technologie de Bordeaux, a mis au point des panneaux solaires adapté au sac à dos. Ceux-ci doivent alimenter le genou qui a une autonomie de 2 à 3 jours.
Thierry Troupeau espère terminer le GR10 dans deux mois, à raison de 7 heures de marche par jour à 2,2 km/h. Le marcheur de l'extrême mettra à jour l'évolution de son périple sur son blog : gr10-surunejambe.fr